dimanche 1 avril 2007

Les mémoires de Saint simon


Je mets en ligne le commentaire d'un ami, merci à lui ;)

J´ai choisi Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, qui à mon goût n´est pas aussi connu qu´on le pense et encore moins lu, pourtant sa postérité est impérial :Chateaubriand(« Il écrit à la diable pour l´immortalité »),Proust, Stendhal(« j’ai deux passions, les épinards et Saint-Simon !» ) il fascinera Proust par sa manière à transcender le temps, à le faire revivre, en effet, avec plus de sept mille personnages présents à travers les trente mille pages(13536 pages dans les éditions La pléiade).


Regroupant une grande variété de genres et de registres tout en s´attachant davantage aux "commérages" qu'aux grands faits,Saint-Simon recrée un monde par son réalisme: observateur minutieux, juge impitoyable, le Duc excelle dans l´art du portrait, un exemple:

"L´abbé Dubois était un petit homme maigre, effilé, chafouin, à perruque blonde, à mine de fouine, à physionomie d´esprit, qui était en plein ce qu´un mauvais français appelle un sacre, mais qui ne se peut guère exprimer autrement. Tous les vices combattaient en lui à qui en demeurerait le maître. Ils y faisaient un bruit et un combat continuel entre eux. L´avarice, la débauche, l´ambition étaient ses dieux; la perfidie, la flatterie, les servages, ses moyens; l´impiété parfaite, son repos; et l´opinion que la probité et l´honnêteté sont des chimères dont on se pare, et qui n´ont de réalité dans personne, son principe, en conséquence duquel tous moyens lui étaient bons. Il excellait en basses intrigues, il en vivait, il ne pouvait s´en passer, mais toujours avec un but où toutes ses démarches tendaient, avec une patience qui n´avait de terme que le succès, ou la démonstration réitérée de n´y pouvoir arriver, à moins que, cheminant ainsi dans la profondeur et les ténèbres, il ne vit jour à mieux en ouvrant un autre boyau. Il passait ainsi sa vie dans les sapes. Le mensonge le plus hardi lui était tourné en nature avec un air simple, droit, sincère, souvent honteux. Il aurait parlé avec grâce et facilité, si, dans le dessein de pénétrer les autres en parlant, la crainte de s´avancer plus qu´il ne voulait ne l´avait accoutumé à un bégayement factice qui le déparait, et qui, redoublé quand il fut arrivé à se mêler de choses importantes, devint insupportable, et quelquefois inintelligible. Sans ses contours et le peu de naturel qui perçait malgré ses soins, sa conversation aurait été aimable. Il avait de l´esprit, assez de lettres, d´histoire et de lecture, beaucoup de monde, force envie de plaire et de s´insinuer, mais tout cela gâté par une fumée de fausseté qui sortait malgré lui de tous ses pores et jusque de sa gaieté, qui attristait par là. Méchant d´ailleurs avec réflexion et par nature, et, par raisonnement, traître et ingrat, maître expert aux compositions des plus grandes noirceurs, effronté à faire peur étant pris sur le fait; désirant tout, enviant tout, et voulant toutes les dépouilles. On connut après, dès qu´il osa ne se plus contraindre, à quel point il était intéressé, débauché, inconséquent, ignorant en toute affaire, passionné toujours, emporté, blasphémateur et fou, et jusqu´à quel point il méprisa publiquement son maître et l´État, le monde sans exception et les affaires, pour les sacrifier à soi tous et toutes, à son crédit, à sa puissance, à son autorité absolue, à sa grandeur, à son avarice, à ses frayeurs, à ses vengeances. Tel fut le sage à qui Monsieur confia les moeurs de son fils unique à former, par le conseil de deux hommes qui ne les avaient pas meilleures, et qui en avaient bien fait leurs preuves."
Saint-Simon est mémorialiste lu pour son style et pourtant « Je ne me pique pas de bien écrire. » affirmera le mémorialiste!
Certaines tournures de phrase sont archaïques et il subsiste quelques solécismes mais sur trente mille pages! Et c´est aussi cela qui fait sa réputation de styliste, il fait ce qu´il veut, utilise tout les registres de langage, c´est aussi un maître de l´ellipse, des raccourcis phénoménaux sont pris, déployant encore son immense talent qui fit de lui un génie!
C´est aussi un conteur hors pair, faisant d´un fait divers une véritable comédie en ménageant le suspense, et si l´on lit Saint-Simon, c´est aussi pour sa cruauté, sa méchanceté absolument jubilatoire, regardez le portrait pour vous en convaincre, peu de gens trouve grâce à ses yeux et c´est tant mieux pour nous!
Malheureusement pour se procurer les mémoires de Saint-Simon dans leur intégralité, il vous faudra débourser 429,50 € car c´est la seule édition à les éditer. Les mémoires ne sont pas un texte facile, loin de là, dû aux nombres de personnages et au style, mais vous manqueriez une œuvre titanesque...J'ai bien peur de ne jamais pouvoir retrouver des pages aussi éternelles.

La puissance des expressions me sidère; le Duc ne recul devant rien, use du langage grossier quand il est nécessaire (cul, prostitution...)

Huit mille cinq cents personnages dont s'inspireront Proust et Chateaubriand, une vivacité d'esprit incroyable, une acuité psychologique exceptionnelle, un vocabulaire immense, des pages de fureur, des traits d'une rare méchanceté, des tableaux étincelants, des scènes de guerre splendides, des intrigues de palais envoûtantes...c'est un phénomène littéraire inouï!

mardi 13 mars 2007


En raison d'une lecture à préparer pour un devoir de français, je n'ai pas beaucoup de temps pour lire cette semaine c'est pourquoi je posterai les critiques vendredi soir.
A bientôt pour toujours de nouvelles lectures !

vendredi 9 mars 2007

Hamaguri - Aki Shimazaki


Résumé éditeur :
Enfant, Yukio avait coutume de jouer au parc avec une fillette accompagnée de son père. Des années plus tard, il apprendra avec effroi que cette famille était aussi la sienne ; il perdra alors un père pour la seconde fois.


Mon avis : 8 / 10
A travers Hamaguri, Aki Shimazaki nous raconte la même histoire mais narrée par Yukiko. Toute la subtilité de ce second volet du poids des secrets réside dans cette différence. En effet le style est identique à Tsubaki, toujours aussi pur, le récit si fluide porte le lecteur à la dernière page. Seulement 8/10 car un rêve est toujours plus beau la première fois...

jeudi 8 mars 2007

L'élegance du hérisson - Muriel Barbery


Résumé éditeur :
"Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. "


Mon avis : 10 / 10 !

Quelle surprise ! Un vrai chef d'oeuvre ! Beaucoup d'humour allant parfois même jusqu'au cynisme dans ce livre qui soulève des interrogations intéressantes. Ne vous fiez pas à la banderole "le QI de la concierge" de Gallimard complètement ridicule, le contenu ne l'est nullement. Je recommande cette belle histoire d'amitié et cette leçon d'humanisme.

dimanche 4 mars 2007

Tsubaki - Aki Shimazaki


Résumé éditeur :
Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko, une survivante de la bombe atomique, évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d'abord à Tokyo puis à Nagasaki. Elle reconstitue le puzzle d'une vie familiale marquée par les mensonges d'un père qui l'ont poussée à commettre un meurtre.
Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n'échappe à son destin.

Mon avis : 10 / 10 !
Ce premier roman de la pentologie "Le poids des secrets" de Shimazaki est une vrai merveille mais c'est aussi le premier roman de littérature japonaise que je dévore ansi. Du début à la fin le style épuré de Tsubaki ainsi que le récit d'une histoire d'amour impossible sur fond de guerre sont révélateurs du talent de l'écrivain.
A lire absolument !



samedi 3 mars 2007

Une exécution ordinaire - Marc Dugain


Résumé éditeur :
Au mois d'août de l'an 2000, un sous-marin nucléaire russe s'abîme dans des profondeurs accessibles de la mer de Barents. Vania Altman ferait partie des derniers survivants. Dans un port du cercle polaire, la famille Altman retient son souffle : elle risque une nouvelle fois de se heurter à la grande Histoire. Un demi-siècle après la mort de Staline, c'est désormais un ancien du KGB qui gouverne la Russie.
Après nous avoir fait pénétrer dans les coulisses du FBI avec La malédiction d'Edgar, Marc Dugain offre ici une véritable fresque de la Russie contemporaine. Inspirée de faits réels, elle révèle le profond mépris pour la vie manifesté par les gardiens paranoïaques de l'empire russe.

Mon avis : 9 / 10

Le charme du style simple mais efficace de Marc Dugain opère toujours même si l'on peut parfois se sentir dérangé par l'alliance de faits réels avec d'autres qui le sont moins. En tout cas il dresse ici un sombre tableau de l'empire Russe à travers une analyse terrifiante d'un système corrompu jusqu'à l'os. Une exécution ordinaire est donc un récit troublant qui en dit long sur la pseudo démocratie russe.

jeudi 22 février 2007

° VaCaNcEs °


A peine deux jours d'existence pour mon blog et je dois déja m'absenter :)
Toutefois je serai de retour le weekend prochain avec de nouvelles critiques à poster ;)

Martinique me voilà !!!!!!

Enfance - Nathalie Sarraute


Résumé éditeur :
Ce livre est écrit sous la forme d'un dialogue entre Nathalie Sarraute et son double qui, par ses mises en garde, ses scrupules, ses interrogations, son insistance, l'aide à faire surgir " quelques moments, quelques mouvements encore intacts, assez forts pour se dégager de cette couche protectrice qui les conserve, de ces épaisseurs (...) ouatées qui se défont et disparaissent avec l'enfance ". Enfance passée entre Paris, Ivanovo, en Russie, la Suisse, Pétersbourg et de nouveau Paris. Un livre où l'on peut voir se dessiner déjà le futur grand écrivain qui donnera plus tard une oeuvre dont la sonorité est unique à notre époque.

Mon avis : 7.5/10 :
Perturbé par le style du nouveau roman j'ai eu un petit peu de mal à rentrer véritablement dans l'oeuvre puis au fur et à mesure des pages on ne cherche plus à discerner "qui parle" avec acharnement puisque le dialogue entre Nathalie Sarraute et sa conscience s'entremêlent en un méli-mélo d'anecdotes passionnantes et de récits émouvants.
Lors de certains passages on à même l'impression d'avoir déjà éprouvé ces sensations sans pour autant avoir pu mettre des mots dessus ( en parlant des mathématiques : "Cela ne me parait pas si simple... Ca flotte... emmêlé... et tout d'un coup ça se sépare en éléments très nets qui viennent comme d'eux même se mettre en place, à leur juste place... il ne peut y en avoir d'autre... dans un ordre impeccable ils se succèdent jusqu'à ce nombre qui les attend").
Je vous recommande ce livre que j'ai dévoré en une après-midi si vous ne l'avez pas déja lu ;)

mercredi 21 février 2007

Passions - JJSS


Résumé éditeur :
Pilote de chasse à vingt ans dans l'US Air Force, proche collaborateur à vingt-six ans de Mendès France occupé à terminer la guerre d'Indochine, Jean-Jacques Servan-Schreiber se lance trois ans plus tard dans l'aventure de L'Express. Lieutenant en Algérie et militant contre la torture, fasciné par le président Kennedy, lié à Mauriac comme à Mitterrand ou à Giscard d'Estaing, Jean-Jacques Servan-Schreiber est un des grands témoins de notre temps. Aux premières, pages de ces souvenirs, le jeune garçon voit Hitler salué à Munich par une foule fanatisée. Aux dernières, l'homme de trente-six ans songe au fils qui vient de lui naître. Entre les deux, au fil des anecdotes et des événements, toute une époque.

Mon avis : " Passions Passionnantes ! "

8/10 Une autobiographie très bien écrite qui retrace le XXe ème siècle à travers de nombreuses anecdotes , du début à la fin Passions est un livre captivant . Je recommande !

Bienvenue sur mes carnets de lecture !




J'ai crée ce blog dans le but de partager mes lectures, mais aussi pour m'imposer un rythme de lecture, surtout n'hésitez pas à donner votre avis !

Voici la liste des livres que j'ai lu très récemment :
Je ne fais pas de critiques détaillées de ces livres tout simplement parce que je les ai lus avant la création du blog :)

  • Father Land de Robert Harris
  • La Chambre des officiers Marc Dugain
  • Heureux comme Dieu en Françe Marc Dugain
  • La ferme des animaux George Orwell
  • Un secret Phillipe Grimbet
  • Le vieil homme et la mer Ernest Hemingway
  • Effroyables Jardins Michel Quint
  • Bille en tête Alexandre Jardin
  • L'amant Marguerite Duras
  • Feder ou le mari d'argent Stendhal
  • L'été 36 Bertrand Poirot-Delpeche

La chambre des officiers de Marc Dugain